Province de Paris des frères Carmes Déchaux

Avent 2025 – Semaine 1 : Venez et veillez

En cette première semaine de l’Avent, un mot ouvre notre marche : « Venez… » Isaïe nous appelle à lever les yeux : « Venez, montons à la montagne du Seigneur. » Jésus lui-même nous invite : « Venez et voyez. » L’Avent commence par ce pas intérieur qui nous met en route vers Celui qui vient. Sainte Mariam de Jésus crucifié a entendu cet appel très tôt : « Si tu veux me donner ton cœur, je te resterai toujours. » Sa disponibilité simple et humble nous rappelle que Dieu cherche une relation d’amour avec chacun de nous. L’Évangile nous dit encore : « Veillez… » Une veille d’amour, qui nous éveille à la présence du Seigneur déjà à l’œuvre. Avec Mariam, demandons un cœur qui écoute, qui se laisse toucher, et qui répond : « Allons, allons réveiller l’univers… »

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Semaine 1 : Venez et veillez

Venez…

La voix du prophète Isaïe nous invite à lever les yeux vers l’horizon ultime de notre cheminement terrestre, et désirer ce lieu où le Seigneur veut nous mener. Nous sommes appelés à « venir ». Ce mot « venir » traverse les lectures du temps de l’Avent : « Venez, montons à la montagne du Seigneur, au temple du Dieu de Jacob. » (Is. 2, 3) « C’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. » (Mt 24, 44). Il s’agit de venir pour accueillir celui qui vient de façon toujours surprenante et à l’heure où nous ne l’attendons pas. Dans l’évangile de Jean, c’est la réponse de Jésus aux deux premiers disciples qui posent la question ; « Où demeures-tu ? » « Venez et voyez » (Jn 1, 39). C’est un appel à se mettre en route, à se faire disciple à notre tour en se laissant enseigner par la Parole de Dieu qui est Jésus lui-même, la Loi nouvelle.

Cet appel, Mariam l’a entendu très tôt, dans son enfance à partir d’un événement anodin. Une personne, pour la distraire, lui avait offert deux passereaux. Les trouvant sales, elle les baigne pour les laver, mais ils meurent entre ses mains. Désolée, elle va les enterrer au fond du jardin. Elle entend alors une voix au plus intime d’elle-même : « C’est ainsi que tout passe. Si tu veux me donner ton cœur, je te resterai toujours. »

Mariam écoute la voix, elle donne son cœur au Seigneur. Dès cet instant, il noue avec elle une relation d’amour. C’est ainsi que le Seigneur veut nouer avec chacun de nous une relation d’amour unique. Le pape saint Jean-Paul II, lors de son homélie pour la béatification de sœur Marie de Jésus crucifié en donne les clefs.

« Venez à moi… »

Marie de Jésus crucifié fait partie de ces petits de l’Evangile dont Jésus dit : « Je te bénis, ô Père, Seigneur du ciel et de la terre, parce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents et les as révélées aux plus petits. Oui, Père, c’est ainsi que tu en as disposé dans ta bienveillance. Tout m’a été remis par mon père. Nul ne connaît le Fils, si ce n’est le Père ; et nul ne connaît le Père si ce n’est le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler. » (Mt. 11, 25-27)

Le pape Jean Paul II, dans son homélie pour la béatification de sœur Mariam de Jésus crucifié affirme :

« La véritable sagesse et intelligence suppose la « petitesse » comprise comme docilité à l’Esprit-Saint. Elle seule rend possible, dans le Fils, par le Fils et avec le Fils, de connaître les mystères du Père, qui restent par contre ignorés des savants et des intelligents de ce monde, aveuglés par la folie et l’orgueil (1 Co 1, 18-21). La vocation à la sainteté est accomplie par ces « petits » de l’Évangile qui acceptent de tout leur cœur la Révélation divine. Grâce à cela, ils « connaissent le Fils » et grâce au Fils ils « connaissent le Père ». Une telle connaissance, en fait, est l’acceptation de la vocation : « Venez à moi… Prenez sur vous mon joug et apprenez de moi… » (Mt. 11, 28-29). Et voilà comment on va au Christ, précisément comme est venue à lui sœur Marie de Jésus Crucifié en prenant sur soi son joug, en apprenant de lui, parce qu’il est doux et humble de cœur, et en trouvant le repos de son âme (Mt. 11, 28-29). Et tout cela est l’œuvre de l’amour. La sainteté repose avant tout sur l’amour. Elle en est le fruit mûr. … Son amour pour le Christ a été « fort comme la mort » (Ct 8, 6) ; les épreuves les plus douloureuses ne l’ont pas éteint, mais au contraire l’ont purifié et renforcé. Et elle a tout donné pour cet amour. Toute la vie de la petite Arabe, remplie d’extraordinaires dons mystiques, a été, dans la lumière de l’Esprit-Saint, la réponse consciente et irrévocable à une vocation de sainteté, c’est-à-dire à ce projet éternel de salut, dont parle saint Paul, que la miséricorde divine a déterminé pour chacun de nous. Toute sa vie est fruit de cette suprême « sagesse » évangélique dont Dieu se plaît à enrichir les humbles et les pauvres, pour confondre les puissants. Dotée d’une grande limpidité intérieure, d’une vive intelligence et de cette imagination poétique qui caractérise les peuples sémites, la petite Mariam n’eut pas l’occasion d’accéder à de hautes études, mais cela ne l’empêcha pas, grâce à ses vertus éminentes, d’être remplie de cette « connaissance » qui revêt la plus haute valeur, car le Christ est mort en croix pour nous la donner : la connaissance du mystère trinitaire, perspective si importante pour cette spiritualité chrétienne orientale, dans laquelle la petite Arabe avait été éduquée. »

Veillez…

Jésus nous invite à veiller dans l’attente de la venue du Fils de l’homme afin de ne pas nous laisser surprendre. L’Evangile souligne son irruption au cœur du quotidien : « Les gens ne se sont doutés de rien ». (Mt 24, 39) « Veillez donc car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur vient ». (Mt 24, 42) « Tenez-vous prêts car c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. » (Mt 24, 44) Cette venue se réalise déjà aujourd’hui lorsque nous découvrons que cette veille est une veille d’amour. C’est cet amour qui nous tient en éveil et non la peur ou une observance extérieure. C’est un appel à passer d’une foi observante, rituelle, à une foi amoureuse comme celle du disciple que Jésus aimait.  Cette veille d’amour est au cœur de la vocation du Carmel.

Veiller, c’est s’ouvrir à un monde intérieur qui nous dépasse et que nous rejoignons dans la foi, l’espérance et la charité : la présence du Dieu Trinité, Père Fils, Esprit Saint, communion d’Amour. Vivre à ce niveau profond, change le regard, l’écoute, la façon d’être en relation. La grandeur de l’homme, qui le distingue de tous les autres êtres vivants, consiste à être appelé à entrer en dialogue avec Dieu. Cela suppose de dépasser l’apparence, l’immédiat, pour découvrir sa profondeur et rencontrer la Présence qui nous habite et dont nous sommes le sanctuaire. Or une grande part de notre vie se déroule à la surface. Nous sommes prisonniers des routines de la vie quotidienne, de nos occupations et de nos distractions, de rythmes imposés. Nous sommes constamment sollicités par les nouveautés continuelles de la technologie. Tout nous pousse dans la société à vivre à l’extérieur de nous-mêmes et nous nous arrêtons rarement pour écouter les voix qui parlent au profond de nous. Voilà pourquoi Jésus nous met en garde afin que ce jour de lumière ne se transforme pas en jour de ténèbres, faute de préparation.

Saint Paul dans la lettre aux Romains nous invite à nous réveiller : « L’heure est déjà venue de sortir de votre sommeil. Car le salut est plus près de nous maintenant qu’à l’époque où nous sommes devenus croyants. » (Rm 13, 11) Saint Paul interpelle les chrétiens de Rome afin qu’ils s’interrogent et vérifient si leur comportement est en cohérence avec leur baptême : « Revêtons-nous des armes de la lumière », (Rm 13, 12) « Revêtez-vous du Seigneur Jésus-Christ. » (Rm 13, 14) Cela conduit à entrer dans un combat spirituel avec les armes de lumière que sont la foi, l’espérance et la charité afin de s’ajuster à la vie dans l’Esprit.

En écho Mariam de Jésus Crucifié cherche à nous réveiller…

« Je ne puis me contenir : j’ai une paix, une joie si grande ! Je suis en Dieu et Dieu est en moi. Je sens que toutes les créatures, les arbres, les fleurs, sont à Dieu et aussi à moi… Je voudrais un cœur plus grand que l’univers !

Tout le monde dort. Et Dieu si rempli de bonté, si grand, si digne de louanges, on l’oublie !… Personne ne pense à lui !… Vois, la nature le loue ; le ciel, les étoiles, les arbres, les herbes, tout le loue ; et l’homme qui connaît ses bienfaits, qui devrait le louer il dort !

Allons, allons réveiller l’univers… »

 

Fr. Didier Maury, ocd (Avon)

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